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Commentaire de KBT sur la démocratie en Afrique

   

Question : Quelle appréciation faites vous de l'état de la démocratie en Afrique et au Burkina d’une part et du climat politique au Burkina?

 Ouédraogo Lionel Josué

 

 

Réponse : La réalité est qu’il n’y a pas de vraie démocratie en Afrique. Mais disons qu’il y a trois sortes de pays par rapport à la démocratie.

Il y a des pays  où honnêtement on fait des efforts pour y  parvenir. On peut citer le Ghana, le Bénin, le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Mozambique. Ils connaissent des difficultés à causes de certaines lacunes mais celles-ci sont présentes dans toutes les sociétés. Il s’agit essentiellement de l’analphabétisme et de son corollaire qui est l’inculture. En fait le problème est que la population ne cherche pas vraiment à comprendre ce qu’on lui propose ni comment tout cela s’applique. Lors des élections, on se réfère au charme du candidat alors qu’il n’est pas élu pour une partie de séduction, ou à son appartenance ethnique alors qu’il doit diriger toute une nation. En Afrique on aime faire référence à l’analphabétisme mais la vérité avait déjà été dite par Machiavel qui expliquait que la majorité ne comprend pas bien les problèmes politiques pour en faire une critique sérieuse. (Demandez au gens d’expliquer le projet de société de leur parti et vous verrez.) Mais elle ne suit pas non plus les voix discordantes, minoritaires, même si elles sont parfois pertinentes.

Il y a ensuite les pays qui ont tenté mais qui sont vite retombés dans la dictature pour des raisons bien différentes. On peut citer à ce niveau, le Niger et le Mali (en espérant qu’il se relève tout de suite) le Congo, le Kenya, la Centrafrique, le Burundi (un des exemples de la déception). Ici on retient généralement que la bonne fois des uns, les partants, a rencontré la mauvaise foi des autres, les entrants. Il y a eu des réalités historiques pour perturber la marche de certains comme le Mali, mais pour la majorité c’est le nouvel arrivant qui veut refaire les lois pour son propre bénéfice.

On retient ensuite ce qui caractérise la majorité des États : la dictature qui se pare d’un masque démocratique. On y fait semblant en sachant que quand on tient les rennes de l’État on dispose de tous les moyens pour tricher, ou pour simplement imposer des résultats sortis des têtes et non des urnes. En ce moment on peut juste faire la différence entre les dictatures : Il y a alors celles qui sont en peine comme  le Soudan, le Tchad, le Gabon, Le Togo, où le pouvoir fait face à de la contestation mais se maintient grâce à certaines parties de l’armée. Il y a aussi des dictatures qui profitent d’une certaine résignation de la part des peuples comme le Burkina, le Cameroun, la Guinée équatoriale, la Gambie, l’Angola. Il y a enfin des dictatures sans masque comme au Rwanda, en RD Congo, en Éthiopie, en Mauritanie, et surtout le royaume du Lesotho.

Mais il y a encore de l’espoir avec des pays qui viennent de mettre fin à une dictature séculaire et ont fait l’expérience d’une première élection, même si elle a parfois été difficile ; on espère qu’ils vont poursuivre et améliorer: Le Libéria, le Niger (qui est entrain de se relancer après une première expérience qui avait échoué), Le Sud Soudan, la Guinée Conakry, la Côte d’Ivoire.

 Mais personnellement je crois que la démocratie, telle qu’on veut la mettre en place, est une farce et même une honte. Nous n’avons pas encore pu  inventer un système à nous. En fait tout peuple a sa personnalité et ses penseurs doivent trouver un système politique qui lui soit propre. Malheureusement la paresse intellectuelle et la peur des autorités, qui traquent toutes idées classée subversive,  nous ont conduits à un mimétisme intégral. Nous ne concevons pas grand-chose.  On se contente de copier chez les autres et on tente de coller chez nous. Les systèmes politiques et économiques, tout comme les institutions nationales et supra nationales, sont des imitations ou des impositions. Les seuls leaders qui ont tenté de concevoir un système politique original ont été des acteurs engagés dans une posture dite anticolonialiste, anti-impérialiste, comme Kwame Nkrumah, Mohamad Kadhafi,  Julius Nyerere etc. La nécessité de l’action ne leur a pas donné le temps de finaliser leur construction et parfois la détention du pouvoir ne leur a pas permis de s’ouvrir à la critique, parce qu’il confondait le critique qui relève les insuffisances conceptuelles et l’opposant qui veut prendre leur place.

 Pour l’essentiel les États africains se contentent de prendre ce qui est appliqué ailleurs et qui correspond à des réalités extérieures pour l’appliquer chez eux.

Comment faire appliquer à un peuple ce qu’il ne comprend pas exactement?

Quand ça ne marche pas on crie à l’intervention extérieure !  En vérité l’extérieur nous tient parce que nous nous sommes donnés.

N.B. : Pour ce qui est du climat politique nous avons déjà dit beaucoup de choses mais nous y reviendrons dans un autre article pour ne pas faire trop long.

K.B.T.

 

 

 



31/10/2012
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