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Côte d'Ivoire: le poids de l'histoire

Côte d’Ivoire : le poids de l’histoire

Dans la tourmente qui perturbe la Côte d’Ivoire depuis plus d’une décennie nous pensons qu’il y a des raisons fondamentales et celles essentielles aux quelles viennent se greffer les différents facteurs aléatoires.

La raison fondamentale est celle qui est propre au Africains d’une manière générale : la passion.

Senghor disait que l’émotion est Nègre. Et nous ne faisons rien pour le démentir en dehors de quelques diatribes. La plupart du temps quand on prend position on est facilement jusqu’au-boutiste jusqu’à l’irrationalité. On refuse de voir toute raison qui nous contredit. Il faut que la raison en ce moment serve la passion. Les ivoiriens sont pris dans cette spirale si bien que personne ne veut laisser la place à l’autre même si la Côte d’Ivoire doit en pâtir. Comme le disait un officier du président Robert Guéï : Nous la brûlerons et irons voir les cendres ensemble. Ignorant que dans ce cas ses propres cendres devraient faire partie.

La passion xénophobe qui anime certains ivoiriens fait qu’ils ignorent, dans leur jugement,  les réalités de l’histoire qui font les raisons essentielles :

 « Les burkinabè nous envahissent. »  Soutient un intervenant sur RFI. Pourtant tous ces hommes ne sont pas arrivés en Côte d’Ivoire avec un fusil. Il faut peut-être rappeler que les mouvements séculaires des Mossis, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, les envoyaient vers le Ghana qui est la terre de leurs origines. Ils faisaient alors le commerce et s’y installait rarement. C’est d’abord le colon qui les a amenés de force vers la Côte d’Ivoire pour les travaux divers. Avec les pseudos indépendances le Président Ivoirien Félix Houphouët Boigny a ressenti, à tort ou à raison, le besoin de faire venir ces populations dans le pays car leur travail lui semblait indispensable. C’est ainsi que par des moyens divers il a amené les Mossis à faire de la Côte d’Ivoire un pays d’immigration, généralement provisoire car beaucoup y passent leur jeunesse puis rentrent au pays. Quelques-uns ont appris à s’installer pour faire des affaires ou pour gérer leurs champs au quotidien. On peut se rappeler que deux Présidents Burkinabè ont eu des différents avec Houphouët quand ils ont voulu prendre des mesures limitatives de cette hémorragie. Il s’agit des Présidents Saye Zerbo et Thomas Sankara. (Le dernier est mort mais Saye Zerbo est encore vivant). Cette politique peut-être condamnée, mais on ne peut nier qu’elle a fortement contribué au développement de la Côte- d’Ivoire.  Les populations qui s’installaient ont eu leurs enfants sur place. Ceux-ci portent des noms Burkinabè mais ne connaissent ce pays.  Et c’est là que le problème trouve sa racine : deux enfants naissent dans la même maternité, jouent et fréquentent la même école, grandissent ensembles, et un  jour l’un dit à l’autre : tu es un étranger.  Pire il veut l’expulser. Comment alors refuser à cet étrangement étranger le droit de refuser et de se défendre ?  Il ne faut pas oublier que l’homme ne pousse pas du sol. Il naît quelque part et si ces autochtones, comme ils se présentent, connaissaient leur propre  histoire, elle leur dirait qu’ils sont venus de quelque part. Beaucoup de nations sont passées par ce problème et il  trouve sa solution dans l’acceptation des autres. Tant qu’ils seront traités d’étrangers, ils devront le démentir même si c’est au moyen des armes car dans leur pays d’origine ils seront aussi traités de la sorte avec cette différence que là-bas  ils n’ont rien, et parfois,  ils ne savent même pas quelle est leur province d’origine.

L’autre problème essentiel est l’intérêt de la famille Compaoré associé à la relation historique entre la constitution de cette famille et l’histoire des deux pays : On se rappellera que le mariage de Blaise a été le premier grief porté à la connaissance du public burkinabè. Quand on avait attiré l’attention de Blaise sur l’opposition de Thomas qui y voyait un complot d’État, il s’était contenté de dire : je ne savais pas qu’il distribue des femmes. Est-il besoin de dire que c’était le cheval de Troie qui avait été placé dans le lit du Blaiso ?  La Côte d’Ivoire d’Houphouët est intervenue dans la politique burkinabè pour placer celui qui lui convenait ; quoi de plus normal qu’il y ait un retour de bâton même si cela est déplorable. Mais comme nous le savons tous il ne s’agit là que de pions placés et utilisés par d’autres. Nous l’avons montré dans notre commentaire des 50 ans d’indépendance.
Les réalités aléatoires comme l’animosité entre Ouattara et Bédié, puis entre Ouattara et Gbagbo, entre Guillaume Soro et Blé Goudé sont des germes qui ont trouvé un terrain conflictuel bien nourrit où elles ont pu prendre racine. Le mariage de raison entre PDCI et RDR devrait être considéré comme un exemple car il met au devant une paix dont la motivée par la seul logique de l’intérêt commun. La Côte d’Ivoire mérite cette paix des braves au lieu des querelles intestines qui fait que certains pensent qua même s’ils perdent le pouvoir ils doivent rendre le pays ingouvernable à leur successeur.

Il faut comprendre que l’intérêt supérieur de la nation dépasse celle d’un individu fut-il Bédié, Gbagbo, Ouattara,  Soro ou autre.

K.B.T.



09/08/2012
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