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Diancounda maître du jeu?

D. Traoré est-il maître de la situation ?

Le président du Mali est rentré. Mais a-t-il pris la mesure de l’urgence ou est-il lui aussi entrain de s’empêtrer dans les tergiversations ? Il y a deux compréhensions essentielles possibles dans ses annonces. La première possibilité c’est qu’il se sent obligé de tenir compte de tout le monde, des avis de tous, qu’il se voit obligé d’associer toute la classe politique pour ne pas laisser des adversaires contestataires capables de lui mettre des bâtons dans les roues. Il se peut aussi qu’il veuille accorder de la place à tout le monde pour que tous viennent assister à sa gestion des difficultés avec leur propre  responsabilité engagée.  Ici nous voulons voir quelles sont les implications de ces possibilités pour le Mali.

S’il est obligé de faire appel à tout le monde cela risque de lui compliquer la tâche parce qu’à l’évidence tout le monde ne pourra pas être sur la même longueur d’onde quand il va falloir prendre des décisions. Les discussions seront houleuses et chacun voudrait se servir de tous les leviers entre ses mains pour réaliser ses aspirations. Ce qu’il faut comprendre c’est que, ici, tout cela doit être dû aux calculs politiques qui font que personne ne veut laisser la résolution de la crise à personne de peur d’être, à la fin, perçu comme ayant été absent au moment des difficultés. Surtout on voit bien que celui qui pourra se prévaloir d’avoir sauvé les maliens pendant le danger revendiquera, et à raison aux yeux du peuple, la reconnaissance des maliens. Ils ne seront pas nombreux ceux qui comprendront que ce serait parce que les autres avaient mis leurs ambitions en berne que cela a été possible. C’est du reste cette conscience positive qui avait fait que tous les ténors s’étaient abstenus de revendiquer cette position pour ne pas créer la zizanie devant la situation urgente. Apparemment C. Modibo Diarra avait voulu plutôt s’en servir pour se hisser au même niveau que les autres parce que concrètement, dans l’arène politique malienne, il est en retard par rapport à des gens comme Soumaïla Cissé,   Ibrahim B. Kéïta, Bouba Maïga, pour ne citer que ceux-là, et même Dianconda Traoré qui, avec les circonstances, tient le beau rôle. Du moins c’est lui qui peut se faire ou se défaire. L’obligation de compter avec les autres serait la preuve de son impuissance.

La situation, dans ce cas, n’est pas faite pour se résoudre de ci-tôt. Et la raison est toute simple: Les adversaires qui ont occupé le Nord n’ont pas réussi par des négociations à s’entendre avec ceux qui leur étaient associés au départ. Comment pourront-ils s’entendre avec leurs ennemis déclarés ? Il n’y a que les spéculations à but non déclaré pour soutenir une telle perspective. C’est facile de se servir de la naïveté des gens en présentant à chaque fois l’idée qu’on veut d’abord la paix. Ici c’est un ensemble de raisons non rationnelles qui sont à l’œuvre : La religion et le patriotisme. On se demande quelle motivation peut pousser le négociateur à affirmer qu’il ne s’agit que d’une manière de pratiquer l’Islam et comme 98% de la population malienne est musulmane elle peut comprendre. Pourrait-on jamais négocier avec les catholiques pour qu’ils deviennent protestants et vice versa parce que dans les deux cas il s’agit du christianisme ?  Les conversions ne peuvent être qu’individuelles. L’évidence est que ces tergiversations ne font que faire gagner en temps les occupants qui s’enracinent davantage et deviennent plus difficiles à déloger. Chaque jour qui passe voit l’intensification de leur encrage dans la population, l’augmentation de leur puissance, puisqu’ils sont entrain de recruter dans la jeunesse malienne. Ils étaient, pour la plupart,  des étrangers mais d’ici là, il y aura une bonne partie de la population malienne impliquée de leur côté. Et si D. Traoré veut donner lui-aussi la priorité à la négociation, comme on pourrait le comprendre avec la création d’une institution qui en a la charge, il faut s’attendre à ce que la désillusion soit douloureuse. Et dans ce cas lui aussi sera présenter comme un incapable comme le Premier Ministre Diarra semble l’être  aujourd’hui.

La deuxième possibilité est donc que ce soit une association non participative des autres à sa gestion. En effet comme l’ont montré les démocrates grecs dans l’Antiquité quand la situation devient dangereuse il faut que l’on accorde les pleins pouvoirs à un individu qui pourra décider dans l’urgence sans devoir s’encombrer de fioritures, de formalisme, qui ralentirait la prise de décision et causerait la perte de toute une nation.  Si D. Traoré  avait ce pouvoir qu’il vient de retirer à son Premier Ministre il serait pratiquement inutile de nommer un comité charger des négociations. Il s’y engagerait directement d’autant plus qu’il aurait eu le soutien des maliens comme il a apparemment celui de la communauté internationale et des grandes puissances, sauf que celui qui a des intérêts dans le fait que tout cela traine est entrain d’imposer la léthargie. Personne, dans les pays environnant, ne veut passer pour un va-t-en guerre malgré l’évidence que la négociation soit une perte de temps pour un retour à la normal. Personne n’ose s’opposer au facteur de paix capable de semer la guerre et d’entretenir la guerre chez n’importe qui. Il vaut mieux ne pas l’avoir comme ennemi. On laissera aux intégristes le temps de s’implanter pour que les déloger par la force devienne plus difficile. Alors devant les difficultés de ceux qui iront en guerre par la suite on dira qu’on avait raison. On sait qu’alors l’armée du négociateur ne pourra pas participer franchement à la reconquête. Ce qui lui facilitera la critique et les reproches. Et puisque toute guerre s’achève autour d’une table il on reviendra à lui.

Du vrai machiavélisme.

K.B.T. 

 



30/07/2012
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