conscienceafrica

conscienceafrica

Election de Mme Zuma

Election de Mme Zuma : la leçon aux francophones et à la France

Madame Nkosazana Dlamini-Zuma vient d’être élue à la tête de la Commission de l’U. A. Il a fallu six mois de tractations pour départager les deux candidats. La victime c’est d’abord Jean Ping qui perd son fauteuil alors qu’il ne demandait qu’à continuer au lieu d’être débarqué comme un malpropre qui n’avait pas été à la hauteur des attentes. Car c’est de cela qu’il s’agit avec ces mandats renouvelables. Il est entendu qu’il ne faut pas prendre le risque de voir un incapable s’éterniser à un poste qui dépasse ses compétences. Mais il est généralement inconvenant de débarquer quelqu’un avant la fin de son mandat sauf si cela avait fait l’objet d’un accord avant son début. D’habitude si on ne reproche rien à une personne on lui accorde un second mandat avant de passer à une autre. Mais voilà que Jean Ping n’aura pas ce privilège. Et pour cause : L’Afrique du Sud a décidé de prendre les commandes de cette instance de l’Organisation panafricaine.  Très vite l’élection a tourné en une opposition entre les francophones et les anglophones. L’issue nous renseigne sur les rapports de forces qui existent entre les deux blocs linguistiques.

 En réalité ce n’est pas l’élection de Madame Dlamini-Zuma en tant que telle qui pose problème. Nous ne pouvons que l’apprécier puisqu’il y a déjà eu deux francophones qui ont présidé la Commission : Alpha Omar Konaré et Jean Ping. C’est en même temps deux régions : L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. Il est normal que l’on passe à une autre région ; et après deux hommes il est normal qu’il y ait une femme, non à cause d’une ségrégation dite (faussement) positive, mais à cause des qualités de celles-ci. Elle a fait ses preuves dans son pays. Il est tout aussi normal qu’il y ait un anglophone car l’Afrique en compte aussi. Et d’ici là il faudra un arabophone. Tout cela est normal. Mais à bien considérer les choses ce ne sont pas ces normes qui ont été à la base de ce renouvellement. C’est une autre, celle dont nous avons parlée plus haut : le rapport de force.

Avant de nous appesantir sur les implications futures de cette réalité actuelle nous voulons nous en servir pour jeter un regard sur l’histoire et analyser certains facteurs. Pourquoi en sommes nous-là, puisqu’en réalité l’Afrique est le continent où le français devait être souverain. C’est là où il y a le plus grand nombre d’Etats francophones. Pourtant le rapport de force leur est défavorable. La vérité est que la puissance réelle est entrain de l’emporter sur le nombre. Le problème historique que nous voulons ici présenter est cette quantité numérique produite par la France. En effet les indépendances distribuées par la France ont donné un grand nombre d’Etats alors qu’elle-même administrait l’Afrique à partir de deux capitales : Saint-Louis du Sénégal et Brazzaville du Congo. Comme partout où elle est passée (Afrique, Asie, Pacifique) elle n’a été capable de laisser que des Etats morcelés et ensuite  elle a tout fait pour empêcher tout regroupement. Ainsi les grands ensembles comme l’UEMOA (CEAO à l’origine), et surtout le Conseil de l’Entente, ont eu pour mission réelle de saboter les efforts unificateurs des Etats et des leaders qui savaient que cette fragmentation était néfaste pour l’Afrique. Une multitude de petits Etats n’avait aucun pouvoir réel. C’était aussi la compréhension de la France qui ne voulait avoir en face d’elle aucun Etat important. Le Congo Kinshasa est une exception belge qui a d’ailleurs failli exploser.  Son soutient à la sécession du Biafra relevait de cette volonté. En Afrique il ne devait y avoir, comme puissance, que la Côte d’Ivoire de Houphouët qui lui était totalement acquise (il faut même dire soumise). De la sorte elle régentait tout un continent. Malheureusement pour elle les Anglais, ont vu les choses autrement et ont laissé derrière eux de vrais Etats : Nigéria, Egypte, Soudan, Afrique du Sud… Il s’en suit que, dans les instances africaines, les grandes puissances sont plutôt anglophones. Tant que l’on se contentait de la loi du nombre  les Etats francophones l’emportaient. Mais objectivement comment dire que le Togo peut avoir la même importance que le Nigéria ? Les rapports objectifs ont commencé à se révéler quand on a voulu donner à la CEDEAO un vrai rôle d’institution supranationale à la place du folklore périodique : Le Nigéria a dépossédé le Burkina de son siège, et cela sans réelle contrepartie. Quand on a pensé à une monnaie commune, cette même réalité a failli s’imposer. Pourtant tout le monde sait que le Nigéria n’ira pas courber l’échine devant la France et le Trésor Français. Une monnaie commune incluant les pays anglophones ne se réalisera qu’au détriment de la France et de sa garantie. Résultat : échec.

Dans les instances internationales la France a déjà goutté au revers de sa politique de fragmentation. Dans les pays émergeants (encore appelés BRICS) il n’y a aucun pays francophone et si elle y recherche un allié cela se révèle plus difficile. Quelle n’a pas été son amertume quand on a débarqué Boutros Ghali du Secrétariat de  l’ONU malgré son soutient actif. Ce qu’elle a pu faire c’est imposer cet homme à la tête de la Francophonie alors que l’Egypte, son pays, n’en est même pas membre. Mais comme elle le souhaite au sein cette ‘‘ famille’’ il n’y a qu’elle et ses serviteurs. Là, ses désirs sont des ordres. Ce n’est ni la Belgique, ni le Québec (simple province Canada) qui peut lui faire ombrage. Mais cette situation si elle lui est en apparemment bénéfique pour l’instant peut lui être préjudiciable à long terme.

D’abord les institutions Africaines commencent à abandonner la naïveté qui régissait les relations entre les Etats, et qui mettait tous les Etats au même niveau, pour que la puissance réelle de chaque nation soit mise dans la balance. Ainsi on constat que l’Afrique du sud est passée outre les ententes tacites pour prendre position dans la crise ivoirienne contre la CEDEAO. Et elle a posé de sérieux problèmes aux africains de l’Ouest car tant que le soutien Sud-Africain était manifeste, malgré la distance, aucun Etat Ouest-africain, surtout pas francophone, n’osait passer à l’offensive. On voit bien que malgré la volonté d’Alassane Ouattara de rendre la monnaie à Jacob Zuma dans cette élection, devant l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire ne pèse pas et la fortune familiale des Bongo n’y fait rien. Désormais quand l’Afrique du Sud, décomplexée, va décider, les seules voix qui pourront s’élever et avoir un certains poids seront celle du Nigéria et de l’Egypte. Aucun pays francophone ;  ceux-ci ne pourront que se résoudre à être des alliés que l’ont recherche comme ils le sont déjà au niveau des Nations-Unis. On les a vus maintes fois se réunir autour de la France pour lui demander d’être leur porte-parole au niveau international. La France se voit ainsi importante mais en réalité cela frise le ridicule. Elle ne peut pas peser à cause de ses plumes.  Et l’Afrique du Sud risque de se soumettre l’U. A.  à son grand dam…

Devant l’Afrique du Sud, du côté francophone, il n’y a rien…

K.B.T.



17/07/2012
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 21 autres membres