conscienceafrica

Gbagbo à la CPI : le concert de la mauvaise foi

A quelque part on s’énerve, ou plutôt on s’excite, parce que Gbagbo est maintenant détenu à la CPI.  Beaucoup d’encre coule à ce propos et il ya bien de gorges chaudes. Pourtant il faut retenir que ce n’est que l’aboutissement nécessaire d’un processus que celui qui se présente aujourd’hui comme victime a lui-même enclenché. Nous sommes vraiment étonnés que celui qui soutenait que « si Alassane veut être président il doit d’abord passer sur mon corps » ne se réjouisse pas aujourd’hui qu’on ait épargné sa vie, qu’on l’ait mis à l’abri des humiliations de la justice des vainqueurs, pour le remettre à une justice internationale. Qu’il se rappelle que ni Kieffer, ni Jean Hellène, ni Dacoury-Tabley, n’y ont eu droit alors qu’ils n’étaient pas armés. Que dire des administrateurs de l’Hôtel qui ont été enlevés puis exécutés.

Quelle que  soit la motivation, après les élections et les différentes prises de position, cet homme devait comprendre que la partie était perdue ( comme l’a fait Celou Dalin Diallo en Guinée). Il a cru qu’il pouvait faire intervenir des forces de nature inconnue, comme si c’était lui le Souverain d’Israël qui attend la main de Dieu,  alors qu’il sait que ce qu’il est entrain de faire en semi-secret aurait irrité le Dieu de la Bible. 

C’est facile de demander aux autres d’être cléments alors qu’on a soi-même été un extrémiste, un intolérant, un intransigeant,  qui croyait « pouvoir rouler tout le monde dans la farine ». Elle est révoltante cette logique royaliste qui veut que l’on pense que les nobles ont un sang différent et ne peuvent être traité de la même manière que le petit peuple. On justifie ainsi les privilèges que l’on accorde à une personne qui est responsable de la mort de centaine voir de milliers d’autres.  On veut ainsi dire que celui qui  dirige un pays peut  faire ce que bon lui semble. Il devient de facto un surhomme  ne pouvant plus être traité comme tout le monde. Il ne faut pas non plus oublier, dans ce cas, que le Général Robert Guéï a été un ancien président mais il a été abattu sans état d’âme.

Ici les proches de Gbagbo auraient dû avoir l’honnêteté de reconnaître, au moins cette fois que leur revendication est vaine.  On peut comprendre que le pouvoir rend aveugle et quand on y goutte il est difficile de s’en séparer. C’est un sérieux problème pour les être faiblement égocentrique ne pouvant plus tenir compte des autres quand leur intérêt peut être sur la balance. Mais on a beau être aveugle, il  devait être difficile de  coupler l’aveuglement avec l’inintelligence.  Autrement dit l’aveugle doit être intelligent, pour ne pas faire des déclarations comme celles de celui qui soutenait, prophète d’on ne sait quel Dieu, que le quarante huitième jour après sa défaite Gbagbo sera ‘’ rétabli dans toute sa gloire et toute la terre le verra’’. Il ne faut pas paraphraser la Bible pour des besoins insensés. Gbagbo est parti. Que ceux qui sont sages tirent la leçon, à moins que le bruit qui circule qu’il était otage de ces adorateurs et prophètes d’un dieu inconnu, innommé, soit vrai.

La vérité est que ceux qui se révoltent contre ce transfert ne doivent pas être de bonne foi. On peut se révolter contre le fait que ce sont les chefs Africains qui s’y trouvent mais il faut alors avoir aussi le courage de se demander qu’est-ce que les chefs Africains ont fait pour éviter cette honte. Depuis combien de temps l’Unité Africaine n’arrive pas à trouver une solution au cas Hussein Habré ? Peut-on dire à celui qui n’a pas pu résoudre un dossier depuis dix ans d’en prendre un autre ?  Il faut se montrer d’abord capable. Sinon nous serons entrain de faire des déclarations amèrement ridicules

 Nous le déplorions déjà, nous le déplorons encore. Nous n’arrivons toujours pas à apprécier la situation avec raison ; c’est toujours la passion qui l’emporte.

K.B.T.