L'école en question
L'école en question,
C’est la rentrée ! Les enfants et jeunes burkinabè ont repris les chemins de l’école ; Mais quelle école ?
Les institutions internationales ont mis la main dans la poche pour que les africains puissent scolariser leurs enfants respectant les propos de Victor Hugo : « Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne. » Seulement voilà : les africains refusent obstinément d’enseigner leurs enfants préférant former une cohorte d’alphabétisés qui vont leur permettre de justifier les sommes reçues mais investies ailleurs que dans l’enseignement. Ainsi il suffit de voir quel est le train de vie de chaque haut responsable du ministère pour s’en convaincre.
Le drame est que les élèves, les parents et maintenant certains enseignants, si ce n’est la majorité, finissent par accepter cette situation.
Il sera difficile de faire le point sur toutes les insuffisances et de les expliquer mais retenons quelques unes :
Le problème de niveau : Il ne se discute pas. Tout le monde reconnaît que le niveau de l’enseignement dans la plupart des États est en baisse. Le Burkina a commencé une course à grande enjambées pour rattraper les autres dans cette course vers la nullité. Ce qu’il y a à gagner c’est le nombre. Il faut que les statistiques reconnaissent que nous avons beaucoup d’enfants à l’école. Avec quelles qualifications en sortent-ils ? « Il faut laisser les enfants avoir leur diplôme ; ce qu’ils vont en faire ne te regarde pas. » m’a un jour dit un enseignant avec lequel j’étais chargé de la surveillance dans une salle d’examen où se trouvaient ses propres élèves. C’est dire que dans le milieu des enseignants aussi on est de plus en plus convaincu que l’essentiel est que l’on dise qu’il y a tant de diplômés. De quoi sont-ils capables ? Cela ne les regarde pas.
Pire que cela ! Dire à un élève aujourd’hui que tricher n’est pas bien, c’est être déconnecté de la réalité. La question que l’on vous jette est celle-ci : Pouvez-dire que vous avez fait toute votre scolarité sans jamais tricher, pas même une seule fois. Pour eux il est évident que personne ne peut dire non. Comme si reconnaître qu’on a triché une seule fois leur donne le droit de tricher à chaque fois. Le résultat c’est que l’on ne sait plus vraiment ce que vaut un bachelier burkinabè et même africain. Il s’en suit que dans notre administration il se trouve des personnes qui ne doivent leur position, leur diplôme ou leur passage, qu’à la triche.
L’incompétence : Que font-elles dans une administration ? Elles ne sont capables de rien faire d’elles-mêmes. On ne peut, dans ce cas attendre rien de bon de leur part. Ces gens savent que ce n’est pas la compétence qui est déterminante. Ils n’en font donc pas un problème.
D’autres profitent de ces grosses sommes reçues pour payer les frais d’étude de leurs progénitures dans les écoles et universités les plus rigoureuses et les plus réputées sous d’autres cieux. A leur retour ils n’ont pas de concurrents. Leur diplôme n’a pas la même valeur vu l’université qui l’a attribué. Pourtant partout ailleurs qu’en Afrique et autres pays, de plus en plus rares, agissant de la même manière, les études à l’extérieur sont faites pour ouvrir les horizons et non pour échapper à la carence des écoles de son propre pays. En Afrique, majoritairement, et au Burkina particulièrement, tout se passe comme si on avait choisit de saboter l’enseignement. Pour sûr on le méprise. C’est le seul lieu où on peut envoyer un travailleur sans la moindre formation spécifique, ni stage, sur la seul foi de son diplôme. Et il n’a pas le droit de dire que les élèves n’ont pas de niveau. Si la majorité des élèves n’a pas la moyenne c’est sa faute. On en voit donc rehausser des moyennes de tous les élèves de la classe pour avoir une bonne conscience.
L’improvisation : Il est évident que ceux qui ne pensent pas à l’avenir du pays ne peuvent pas prévoir l’avenir à moyen terme de l’école. La preuve : Ce sont les institutions internationales qui construisent les écoles. On négocie pour en construire au maximum. Mais on ne pense pas à l’accueil de tous ceux qui vont en sortir. Le résultat c’est qu’on a une foule qui est drainée sans niveau réel du primaire vers le secondaire puis du secondaire vers le supérieur. Et comme, à ce niveau, les financiers ne veulent pas intervenir il n’y a rien. Résultat : plus d’une centaine d’élèves dans une classe du secondaire pour un enseignant qui vient directement de l’université et qui n’a reçu aucune formation pédagogique ; des étudiants par milliers dans une salle prévue pour quelques centaines ou dans des pavillons prévus pour des foires. En offre de formation il n’y a que des filières déjà saturées qui n’ont plus rien à voir avec la réalité : A quoi bon, pour un pays comme le nôtre, former deux à trois milliers de juristes chaque années ? Et quels juristes !
La question que nous nous posons : quel avenir pour un pays, et même un continent, qui a opté pour la culture de l’incompétence et la tricherie dans un monde de concurrence impitoyable et d’excellence ?
K.B.T.
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