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les Discours de Dakar

Les Discours de Dakar

   Les débats se poursuivent, mais il  est maintenant clair que malgré le tolet général soulevé par le désormais célèbre discours  de Dakar de Nicolas Sarkozy, celui-ci ne pense même pas revenir sur ce qu'il a dit. Il s'agit d'une position dont il est bien convaincu n'en déplaise à une certaine Ségolène Royal  qui, se plaît à jouer à la séductrice. Il va de soit que sa déclaration de Dakar n'a pas autre but que de séduire les africains et, en conséquence les quelques français qui penseront que  sa méthode plus acceptable plus conciliatrice a toutes les chances d'attirer de la sympathie pour la France. Mais que doivent  penser les Africains ? Sarkozy  Royal qui a raison ?

   Comme nous le disions en préambule nous avons l'intention de discuter, d'examiner les arguments en faveur des uns et des autres. Nous avons un point de vue qui souffre de ses propres insuffisances mais, nous pensons qu'il vaut la peine de l'exprimer en vue de voir ce que les autres aussi vont dire. Alors que dire ?

   Sarkozy a été le premier à s'exprimer. Il est celui qui a lancé la polémique. Il a osé comme à son habitude dire ce qu'il pense. On peut dire que ce n'est pas ce qui convient à un président car en diplomatie il faut savoir dissimuler, faire semblant et ne dire que du bien. Cela est d'autant plus indispensable avec les Africains qu'ils sont très sensibles et s'émeuvent très rapidement. Cette émotion qui avait suivi les célèbres  paroles  de Léopold Sédar Senghor qui avait soutenu que « la raison est Hellène, l'émotion est Nègre ! ».  L'Afrique s'était montrée effectivement émue très négativement par cette déclaration un peu raciste mais qui venait d'un Nègre.  On avait plutôt ovationné les démonstrations de Cheick Anta Diop qui avait bataillé ferme pour  soutenir que les Egyptiens étaient des Nègres, comme quelqu'un soutient aujourd'hui que Socrate était un Nègre. Une des  preuves est que l'on disait que  Socrate  était laid surtout avec des lèvres proéminentes, les narines  retroussées.  Inconsciemment nous soutenons que s'il était vilain c'est qu'il était nègre. Donc la laideur est réservée au Nègre.  Je ne reviendrai pas sur le portrait  d'Obama pour déplorer un argument pareil. Je laisse à chaque lecteur le soin de s'en faire une idée.

  Revenons à notre débat entre maintenant  N. Sarkozy et S. Royal. Nous sommes encore appelés à nous aligner derrière l'un ou l'autre.   J'aimerais encore attirer  l'attention des uns et des autres sur la position  de l'un et de l'autre : La phrase de Sarkozy  qui a fait scandale est celle-là : L'homme Africain  n'est pas suffisamment entré dans l'Histoire. »  Et la raison principale est que l'Africain vit,  soumis, au rythme des saisons.  Royal vient s'excuser au nom de la France. D'abord en vertu de quelle légitimité peut-elle parler au nom de la France ?  Elle n'est  présidente que d'une région de la France. Il est donc un peu prétentieux de sa part de vouloir s'exprimer au nom de la France sauf qu'on sait que  Mme Royal  aime attirer l'attention sur elle. Comme le disait un élu elle ne se présentait à l'Assemblée que le jour où la presse devait y venir. Elle aime le show et c'est tout. On sait qu'elle avait même déclaré avant les élections que si elle était élue elle délèguerait la gestion du parti à l'un de ses lieutenants. Mais tout cela, s'il nous révèle la personnalité du personnage n'est portant que l'affaire des Français.  Elle vient séduire les Africains en ces termes : «  une phrase a été prononcée ici alors qu'elle n'aurait pas dû être dite.  Alors, moi je vous demande pardon. Pardon au nom de la France.  » 

  La question que moi je me pose et que j'invite chacun à faire sienne est la suivante : Pourquoi cette phrase ne devait- elle pas être prononcée ?  Est-ce parce qu'elle est fausse ou est-ce parce qu'elle est frustrante ?

  Quand  J'ai lu le discours de Sarkozy j'ai essayé de comprendre pourquoi les Africain étaient aussi scandalisés. Le problème  c'est que moi je n'ai rien trouvé de faux. Encore une fois,  les Nègres se sont laissé  aller à l'émotion. Il n'y qu'à écouter les différents arguments développés par la suite.  Pratiquement  tout le monde commence par : «  j'ai ressenti… j'ai eu l'impression que… ».  La plus grande honte que j'ai eue est celle provoquée par Madame Konaré.  Historienne du  plus haut niveau elle ne s'est pourtant pas rendu compte que le mot histoire est polysémique et qu'il ne faut pas confondre les sens.  Il fallait comprendre que  Sarkozy ne parle pas de l'histoire comme étude du passé ni comme passé réel des sociétés mais de l'histoire au sens hégélien comme l'a dit le professeur Mahamadé Savadogo : «  Sarkozy a visité Hegel.»   En effet pour Hegel  « l'histoire universelle n'est que la manifestation de la Raison ». C'est « une pensée qui se réalise ».  Il parle du Devenir c'est-à-dire de l'évolution de l'humanité.  L'histoire est universelle  et son cheminement est dialectique, la dialectique étant  « la marche et le rythme des choses elles-mêmes. » La logique vraie est « celle qui épouse les étapes du devenir » selon le commentaire de  Vergès. Ce sont ces étapes qui ont faits l'objet de Sarkozy. Son idée est que l'Afrique n'est pas encore de plein pied dans l'étape actuelle, que l'Afrique ne réalise pas l'idée qui est actuelle. Il est vrai que pour Hegel l'Histoire finissait avec la période Anglo-Saxonne.  Cette étape est celle de la réalisation de la liberté et de la connaissance.  C'est là le problème qui se pose.  L'Afrique est-elle au même niveau que les autres dans la liberté, donc la démocratie, et la connaissance, donc la techno science, le développement ?

   Le problème que soulevait certains penseur et qui à mon sens semble plus sérieux est celle de savoir si Hegel avait le droit de penser que l'idée européenne de la liberté et la forme européenne de la connaissance de pouvait légitimement revendiquer le droit à une quelconque universalité.  Comment ne pas comprendre que c'est bien plus un européocentrisme qui était entrain de s'universaliser au lieu que ce soit l'actualisation d'une quelconque raison universelle. Peut-on penser que l'humanité doit être monocolore. ? Mais peut-on aujourd'hui en toute bonne fois dire que nous n'avons pas besoin de la liberté et de la connaissance ?

  Tout usager de la langue sait que ne pas comprendre un mot, une expression,  ne permet pas une sage réaction.  Et c'est malheureusement ce que Madame Konaré et son équipe d'intellectuel s Africains ont fait. Il faut voir le problème du complexe africain ailleurs que dans les phrases que les uns et les autres  peuvent prononcer.  Madame Konaré et son équipe préfère les paroles flatteuses d'un Jacques Chirac qui passe le temps à dire que : « l'Afrique est un grand continent », sans manquer de souligner que « la démocratie est un luxe pour l'Afrique. » Des deux, qui pense que l'Afrique est suffisamment entrée dans l'histoire ? Aucun ! La différence est qu'il y en a un qui pense que l'Afrique doit y être invitée alors que pour l'autre l'Afrique n'en a pas besoin. Quelle idée motive Jacques Chirac quand il recommande de laisser les chefs d'Etats Africains gagner les élections parce que «  s'ils ne les gagnent pas ils ne les organiseront  plus !»  Qui a une vision plus infantilisante de l'homme Africain.

  Mme Royal, elle aussi se moque bien des Africains quand elle  se prononce. Elle n'ose pas dire que la phrase est fausse ; seulement qu'elle n'aurait pas dû être prononcée.  Elle n'est pas certaine de la fausseté mais elle ne veut pas elle non plus que l'on dise la vérité aux Africains.  Il  faut savoir les caresser dans le sens des poiles.  Pour cela elle qui a besoin de voix et  n'attend que les occasions d'en trouver une par -ci par- là. Un an plus tard elle vient flatter ceux que Sarkozy  a frustrés.  Il ne s'agit ni plus ni moins qu'une manière de glaner de la sympathie auprès de ceux qui ne veulent entendre que des discours de louange même si cela ne reflète aucune réalité, même si cela est contre la réalité. Car enfin, il faut reconnaître que les Africains sont très forts pour masquer la réalité par les mots.  Il ne faut donc pas s'étonner qu'encore une fois nous soyons enclins à préférer  la flatterie plus tôt que la réalité. Pour tant même si on n'aime pas Sarkozy il ne faut pas se leurrer : Il est le président élu des Français. Il a utilisé ce genre de discours pour obtenir une confortable majorité. Quand la gauche se faisait battre par l'extrême droite c'était parce que le contenu du message de la gauche ne disait rien au Français. Sarkozy n'a fait qu'exprimer ce que les Français attendent et comprennent. Ils ne sont pas là pour soutenir, pour aimer les Africains. Il ne faut pas pousser la naïveté jusqu'à ce niveau. En politique il n'y a pas de sentiment. Ce serait une erreur monumentale que de penser que les Français, Américains ou autres viendront faire notre bonheur.  Un dirigeant français est légitimement au service de la France et doit rendre compte aux Français pas aux Africains. Les Africains doivent cesser de regarder ailleurs et comprendre que ce n'est pas aux dirigeants des autres pays qu'ils doivent s'en prendre. C'est aux leurs. Chaque dirigeant rend compte à son peuple. Et chaque peuple doit d'abord demander les comptes à son chef.  Autrement il y a amalgame et on perd beaucoup de temps dans des hors sujets qui ne nous font pas honneur.

K.B.T.



31/05/2009
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