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Niger, l'épreuve de force

Il n'est pas facile de penser à l'avenir du continent africain sans verser de larme. Il est difficile de passer sous silence l'attitude de ces chefs d'Etat donc l'inconscience frise le ridicule, l'infantilisme : Ils sont capables de crier sur ceux qui osent parler de l'Afrique en mal et pourtant ils sont en même temps capables des plus grandes hontes avec des comportements dignes d'un enfant sans éducation. Et le drame dans tout ça, avec un cynisme à vous couper le souffle.

Comment peut-on, comme Tandja au Niger, se conduire d'une manière aussi avilissante pour l'Afrique et ensuite demander que l'on respecte l'Afrique ? Comment peut-on ne rien ressentir devant cette personne qui, après avoir juré sur son honneur, sur sa parole d'officier, se permet de se rétracter ? Comment peut-on qualifier ses intellectuels sans conscience civique, qui ne sont même pas capables d'avoir honte devant l'écran quand ils se présentent en avocat du diable pour utiliser le nom du peuple en faveur du bourreau de leur peuple ? Mais où est passé le sens de l'honneur de ces Nègres ?

Tandja a été élu grâce à cette constitution qu'il veut trahir pour quelques poignées d'argent que les contrats sur la vente de l'uranium nigérien va rapporter. Comment un officier de ce rang peut-il se laisser vaincre par la cupidité aussi facilement ?

Nous osons espérer qu'il y a encore des hommes au Niger. L'épreuve de force est engagée. Un homme avec quelques acolytes, incarnation des malheurs de l'Afrique, veulent bâillonner tout un peuple. Auront-ils le dessus ?

Le Niger est un pays avec une des histoires contemporaines les plus tumultueuses. Plusieurs de ses Chefs d'Etat sont enterrés non par suite de mort naturelle mais de soubresauts politico-militaires. Après Hamani Diori  mort en exile, il y a eu Ibrahim Maïnassara Baré, victime d'un assassinat orchestré par une partie de l'Armée sous la houlette de Wanké qui , lui aussi, est mort dans des conditions très bizarres mais après avoir organisé des élections et cédé le fauteuil présidentiel. Ce sont ces élections qui ont vu Tandja venir au pouvoir après une première défaite devant Mahamane Ousmane.

Toutes les transitions ont été houleuses au Niger. Et puis voilà qu'après une période d'accalmie, pendant que l'on se disait que les vieux démons vont se laisser enterrer, Tandja décide de les réveiller. Mais pourquoi ne veut-il pas laisser le Niger profiter de sa paix un peu plus longtemps, si ce n'est définitivement ? Le peuple nigérien le mérite.

Les peuples Africains étaient prêts à accueillir un autre héro dans son panthéon, à tresser des lauriers pour un autre qui devait montrer au monde et à Sarkozy que certains sont entrain d'avancer à grand pas sur le chemin de l'histoire, prêts à refaire leur retard. Mais voilà Tandja n'est pas un brave. Il ne fait pas partie de ceux qui peuvent taire leurs intérêts pour le bien de la nation. Il ne peut pas voir plus loin que sa personne. Il a commencé par revenir sur sa guerre avec les touaregs. Cette situation lui permet d'entreprendre une autre plus vaste, plus pernicieuse, plus fourbe, contre les institutions de son pays, contre son propre peuple.

Premier acte : Il déclare que la constitution n'est que du papier. Pour un officier de son rang on ne peut pas dire qu'il manque d'intelligence ; on ne peut pas penser qu'il soit atteint par une quelconque sénilité. On ne peut qu'y voir du cynisme, de la mauvaise foi. Le Colonel Tandja veut aveugler tout le Niger, distraire tout un peuple, créer une diversion, en présentant le support sans dire que celui-ci a été choisi pour porter la volonté du peuple qui s'était exprimé lors d'un précédent référendum. Pour Tandja : « moi le chef, je suis le peuple » et tout comme Créon répliquait courroucé à son fils : « est-ce au peuple de me dicter des lois ? » Tandja veut imposer sa volonté contre l'avis de la cours constitutionnelle, contre la volonté du législateur, contre son propre peuple.

Acte deux : il déclare attendre la volonté du peuple. Il demande au peuple de lui demander de rester. La peuple se tait et alors se met en tête de lui faire dire ce qu'il na pas envie d dire. Et pour cela il y a toujours quelques prostitués intellectuels et politiques pour faire l'affaire. Qui ne sait pas qu'en Afrique on n'organise pas une consultation populaire pour la perdre. Si les africains perdaient les élections ils ne les organiseraient pas, dixit Chirac. On se moque de nous et voilà que nous ne sommes pas capables montrer le contraire. (Nous n'oublions pas les exemples malien, béninois, ghanéen.)

Et l'Armée dans tout ça ? La grande muette n'a toujours pas de langue ! Espérons qu'elle n'aura pas à agir. On sait que les grands silencieux, en action, font de grands désastres. L'Armée en Afrique est bien souvent un monstre qui dort. Il ne s'éveille que pour commettre des bavures contre son propre peuple, quand ce n'est pour causer des catastrophes.

Et la France, que dit-elle ? que fait-elle ? On sait que c'est pendant le séjour de Sarkozy que tout s'est mis en route. Etait-il allé délivrer à Tandja un '' laisser-faire ''? Est-ce pour ne pas perdre son uranium que la France de Sarkozy préfère voir le fossoyeur de constitution s'éterniser au risque de devoir installer son fauteuil sur des coulées de sang, comme dans d'autres pays africains où le peuple a voulu dire qu'il a une volonté ?

Au Niger, le vin est tiré il faut le boire. Dans d'autres pays, la période d'incubation n'est pas encore à son terme. Il est vrai que les peuples ne sont pas les mêmes, que les situations sont toujours différentes, que les luttes ne sont jamais pareilles, mais il y des résultats qui donnent espoir, qui encouragent les autres. Tous les peuples Africains ont les yeux rivés vers les nigériens. Beaucoup de chefs d'Etats Africains ont le regard tourné vers Tandja. Qui poussera le ouf de soulagement ?

Nous espérons seulement que dans quelques temps nous pourrons dire comme Fama, le personnage d'Amadou Kourouma dans Les Soleils des Indépendances, que ce fut difficile «… mais la bâtardise ne gagna pas !  »

K .B.T.